Des dents vieilles de plusieurs dizaines d’années en disent long sur les baleines à bec

(Source de l’image : The Northern Bottlenose Whale Project)

La baleine à bec commune vit en eaux profondes au large de la Nouvelle-Écosse et du sud de Terre-Neuve. Pendant un siècle, cette espèce en voie de disparition a fait l’objet d’une chasse commerciale dans l’Atlantique Nord.

Selon les registres des baleiniers, la durée de l’allaitement et du sevrage des baleineaux de cette espèce était d’environ un an, mais il n’en demeure pas moins que l’on en savait très peu sur le sujet. Or, les chercheurs de la Dalhousie University ont découvert que ces baleines, caractérisées par leur tête bulbeuse, peuvent passer jusqu’à quatre ans à nourrir leur petit. Cette constatation nous fait mieux comprendre pourquoi l’espèce pourrait ne pas se rétablir aussi rapidement qu’on ne l’avait d’abord pensé en cas de forts déclins de la population.

Laura Feyrer, doctorante au Département de biologie marine à la Dalhousie University, en a fait la découverte après avoir examiné les dents d’environ 150 baleines à bec communes qui avaient été pêchées par des Norvégiens au large du Labrador et de l’Islande ou qui avaient échoué à Terre-Neuve. Elle voulait déterminer l’âge auquel la mère arrête d’allaiter les baleineaux.

« Nous en savons très peu sur les soins prodigués par la baleine à bec commun à son petit, entre autres sur la durée de l’allaitement, explique Laura Feyrer en parlant de ce cétacé. Nous avons pu effectuer un prélèvement de dents sur de nombreux individus. En examinant les couches de croissance annuelle, nous avons déterminé qu’en moyenne, la baleine à bec commune allaite son petit pendant trois ou quatre ans. »

Prélèvement d’échantillons

À l’aide d’une petite perceuse, Mme Feyrer et ses collègues ont pu extraire des échantillons sélectifs de dentine d’une dent, qui se présente sous forme de couches de croissance annuelle, à l’instar des anneaux de croissance des arbres, et peut indiquer de quoi les animaux se nourrissaient quand ils étaient en vie. Les chercheurs ont ensuite examiné l’évolution de l’alimentation des baleineaux pendant les cinq premières années de leur vie et comparé cette alimentation avec leur alimentation à l’âge adulte.

L’équipe a mesuré les isotopes stables d’azote et de carbone qui se déposent dans les couches de croissance de la dentine et elle a décelé des tendances en fonction de l’âge qui étaient constantes dans différentes régions et chez les mâles et les femelles. D’après les échantillons, le sevrage est un processus lent et l’allaitement se poursuit jusqu’à ce que le baleineau atteigne l’âge de trois ou quatre ans, soit bien plus tard que ce que l’on croyait.

Cette révélation pourrait contribuer à expliquer comment la chasse a décimé la population de baleines à bec communes en prélevant des animaux plus vite qu’ils ne pouvaient se reproduire.

« Le faible taux de renouvèlement de l’espèce s’explique, d’une part, par le prélèvement de grands nombres d’animaux, entre autres des baleineaux, dans le cadre de la chasse à la baleine et, d’autre part, par la capacité de reproduction particulièrement lente de ces cétacés en raison de la longue période d’allaitement et de sevrage », explique Laura Feyrer, dont les résultats ont été publiés mardi (23 juin) dans la revue PLOS ONE.

« Les nouvelles données sur la période prolongée de soins maternels laissent entendre que le taux de reproduction de ces baleines est environ deux fois moins élevé que ceux estimés précédemment, chaque femelle étant en mesure d’élever deux fois moins de baleineaux au cours de sa vie. »

Une étude inédite

L’étude permet également de mieux comprendre la biologie fondamentale de la reproduction de la baleine à bec commune, qu’il est difficile d’étudier en raison de leur habitat extracôtier éloigné et de leurs rares observations.

Étant donné la difficulté d’accès à des spécimens de dents, l’étude de Laura Feyrer est la première à examiner l’évolution de l’alimentation pendant le développement du mammifère en utilisant des isotopes stables pour toute espèce de baleines à bec.

Également d’après l’étude, les baleines à bec communes ont une structure sociale plus complexe qu’on ne le croyait. Mme Feyrer explique par ailleurs que cette étude témoigne de l’importance que revêtent les endroits où l’on observe les baleineaux en grands nombres, comme la zone de protection marine du Gully, qui offrent une protection propice au rétablissement de l’espèce.

Cet article a été republié avec l’autorisation de la This link will take you to another Web site Dalhousie University.

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