Les changements climatiques et le déclin des gros poissons

Selon une étude dirigée par des chercheurs de la Dalhousie University, les populations de gros poissons et d’autres espèces marines sont appelées à décliner si rien n’est fait pour enrayer les effets des changements climatiques. Cette étude montre comment les émissions de gaz à effet de serre pourraient entrainer l'effondrement des stocks mondiaux et des changements dans l’habitat des espèces. 

Le rapport de l’étude, qui a été rédigé par trois chercheurs de la Dalhousie University et 32 scientifiques de 12 pays, présente une vue d’ensemble peu réjouissante du sort réservé à la biomasse animale mondiale − l'ensemble des animaux marins, comme les poissons, les invertébrés et les mammifères − si des mesures ne sont pas prises pour réduire les émissions. 

Derek Tittensor, professeur auxiliaire au Département de biologie de la Dalhousie University et coauteur du rapport, explique que le document présente une évaluation exhaustive des changements climatiques, car il est l’un des premiers à s’appuyer sur une combinaison de plusieurs modèles climatiques et écosystémiques marins plutôt que sur des modèles utilisés individuellement dans des prévisions antérieures.

L’approche novatrice mise de l’avant révèle que la biomasse animale marine mondiale diminuera, quel que soit le scénario d’émissions, principalement en raison de la hausse de la température des eaux et de la baisse de la production primaire.

« Nous avons constaté que pour chaque degré de réchauffement, la quantité totale de matière organique dans les océans chute de 5 %, ce qui représente un déclin important qui s’aggrave à mesure que l’on remonte dans la chaine alimentaire », explique M. Tittensor.

« Les conséquences pour les écosystèmes marins à l’échelle planétaire sont énormes. Les océans changent considérablement, mais si nous nous concentrons sur les éléments que nous pouvons maitriser, nous avons encore la possibilité de modifier la trajectoire. »

Selon l’étude, si des mesures rigoureuses ne sont pas mises en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le déclin de la biomasse pourrait atteindre 17 % d’ici la fin du xxie siècle. L’étude précise toutefois que l'on pourrait grandement limiter les pertes en adoptant de solides mesures d’atténuation.

« La réduction des émissions de gaz à effet de serre contribuera sans aucun doute à protéger la vie marine autant que possible contre d’autres pertes », explique l’auteure principale du rapport de l’étude, Heike Lotze, de la Dalhousie University.

Le rapport révèle également que la pêche ne modifie en rien l'ampleur des effets des changements climatiques.

Selon l’étude, les répercussions des changements climatiques peuvent être plus graves aux niveaux supérieurs du réseau trophique, ce qui signifie que les plus gros poissons et les mammifères marins pourraient subir des déclins plus importants que les espèces de plus petite taille, comme le phytoplancton.

Les chercheurs signalent que la biomasse diminuera dans de nombreuses régions océaniques tempérées ou tropicales, où les habitants sont fortement dépendants de l’approvisionnement en produits de la mer et où l’activité humaine porte déjà atteinte à la biodiversité marine.

Par contre, on pourrait observer une augmentation de la biomasse dans de nombreuses régions polaires autour de l’Arctique et de l’Antarctique, ce qui donnerait lieu à de nouvelles possibilités d’exploitation des ressources marines, mais poserait également des défis en ce qui concerne la gestion et la conservation.

Cette situation pourrait avoir de vastes répercussions sur les pêches commerciales si les stocks migrent vers d’autres régions géographiques alors que les eaux se réchauffent et que la glace polaire fond.

« Nous constatons déjà que des espèces de poissons et d’autres organismes marins quittent certaines régions et comme ils subissent davantage de stress, il sera assez difficile de maintenir leur exploitation, explique M. Tittensor. Nous savons qu’en matière de répercussions des changements climatiques, il y aura inévitablement des gagnants et des perdants. »

Il estime par conséquent que les données découlant du rapport devraient éclairer les décisions sur les pêches et la gestion de l’écosystème.

« Il est certain que les choses changent, mais nous avons la possibilité de réagir et de prendre des mesures efficaces. »

Cet article est republié et a été traduit avec la permission de la This link will take you to another Web site Dalhousie University.

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